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La série Glimpse

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GLIMPSE 10

 L’hiver est rigoureux, et Roy Stuart nous réchauffe avec son Glimpses 10, le plus long et le plus musical de la série. Il y a d’abord un plaisir certain à se retrouver en terrain de connaissance, le côté « famille » - si on permet l’expression - qui est la marque du cinéaste en dépit de ses provocations et de son goût pour les décalages inattendus. Anna Bielska ouvre le bal, et c’est parti pour plus de deux heures de retrouvailles chaleureuses, de complicité amusée qui ne laisse pas de côté le spectateur, ne l’installe jamais en position passive de voyeur. Autant le dire, c’est chaud ! Mais toute la démarche de Stuart est dans la participation, grande différence avec les réalisateurs de porno commercial.

 

Truffaut jouait - plutôt mal - dans ses films, Stuart aussi, mais plutôt bien ! Nous le découvrons, facétieux, en train de faire du kung fu, puis, avec d’autres complices, dans plusieurs scènes de sexe convivial où la caméra, les trépieds, les projecteurs restent souvent dans le champ. Par exemple, le voilà qui apporte  tout en filmant  son fameux vibro « robot Marie » à une jolie fille. Celle-ci  rechigne un peu, avant de s’y mettre pour son plus grand bonheur (et le plaisir, avec Stuart, vient en pissant, quitte à arroser tous les tapis de l’appartement !).

Cyril Noymiss, vieille connaissance, ressemble quant à lui à Jean-Pierre Léaud.  S’essayant à l’autorité, il nous amuse beaucoup en macho cul par-dessus tête, faux dur dégingandé et burlesque. Il faut dire que la fille est dominante ; et les filles, chez Stuart, sont aussi bonnes en Kung fu, c’est affaire d’équilibre ! Pas question non plus de se soumettre à une certaine dictature masculine qui impose l’épilation des chattes. « Les Chattes rasées sont laides », dit la chanson d’Aviva illustrant une scène ? Vous n’en trouverez donc aucune dans ce Glimpse ; là-dessus, Roy persiste et signe. Cela dit, le cinéaste n’a nullement l’intention de rejouer la guerre des sexes. Certes, il filme cette fois-ci le viol d’une fille par un beauf, lui-même donne de temps en temps la fessée, mais au fond c’est la bonne humeur, l’humour et la tendresse qui l’emportent. Quel tâcheron du porno aurait eu l’idée de filmer une scène de pénétration en incrustation sur une carte postale de Lisbonne ?

 

C’est très drôle et très excitant à la fois ! Quel bonhomme, surtout, respecte autant les femmes et sait à ce point les mettre en valeur ? Dans ce film en effet, ce qu’il faut aussi apercevoir, ce sont les gestes de douceur, leur beauté, la fluide chorégraphie du plaisir partagé. Je te domine, je te prends, mais ma main caresse tes cheveux, tes bras, tes cuisses. Je danse avec toi dans de beaux hôtels. Surtout, jeune femme, je t’accompagne ; communions, sans crainte, dans la beauté du monde… La plus belle scène du film est sans doute celle qui clôt la première partie. Roy filme dans une église ; l’aube (?) de la fille est entrouverte ; et la voici qui se libère dans la lumière, remue ses hanches sous les ors. Transgression ? Non. Redoublant la poésie pourtant funèbre de Shakespeare (Cymbeline), Stuart affirme l’urgence de vibrer, de vivre, débarrassé du poids des convenances, et sans crainte…

 

C’est la leçon de ce Glimpse 10 : ne pas craindre. Et Roy Stuart est un cinéaste qui rassure.

 

Alain Deloffre

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