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La série Glimpse
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GLIMPSE 2
Article par Bokonon
Roy Stuart bénéficie de la relative liberté de notre société et se pose la question de l’usage qu’il est possible d’en faire. Photographe et cinéaste, passant du cliché à l’écran, il cherche à libérer l’image de ses derniers tabous, à échapper au conformisme dans la représentation du sexe ; mais surtout il a un projet artistique, à égale distance de l’érotisme et de la pornographie.Que cherche t-il en effet ? A réaliser un rêve aussi vieux que l’art lui-même ; dévoiler la femme, le plus complètement possible, de préférence sans tricher, en montrant ce qui n’est presque jamais montré : son plaisir, cette terra incognita, ce no woman’s land - objet des vraies surenchères à venir.Cela va bien au-delà du simple voyeurisme. Il se conduit en explorateur, inventant ses propres codes au fur et à mesure, qu’il essaye de ne pas répéter mécaniquement ou tout du moins systématiquement, découvrant l’intimité des êtres dans leur dimension la plus essentielle, celle de leur sexualité. La vraie révolution n’en finit plus d’être sexuelle…
On peut alors expliquer, sans d’ailleurs forcément l’apprécier, sa prédilection pour certaines scènes ; par exemple une des raisons pour lesquelles certaines de ses actrices urinent à l’écran est qu’il s’agit d’un acte qu’on ne peut mimer, alors qu’un orgasme peut être simulé - même si Stuart a découvert une fonction inédite du gros plan « gynécologique » : montrer le plaisir véritable de la femme, dans sa multiple splendeur, ses contractions liquides de pétale… Le discours sous-jacent, adressé à ceux pour qui les jupes (dans Glimpse 2, par exemple) s’ouvrent comme des corolles, pourrait être le suivant : si elles sont capables d’uriner devant la caméra, elles sont également capables de ressentir des orgasmes en direct. Il est d’ailleurs possible que les actrices soient conscientes de l’aspect novateur de leur prestation, en dehors de l’exhibitionnisme ou de toute autre motivation. Ne jouent-elles pas avec leur corps, comme un modèle pose pour un peintre ?
C'est la mode qui impose aujourd'hui le modèle Stradivarius - les « top modèles » - ou plutôt des copies - détouffées, désodorisées, voire siliconées, tatouées et percées. Ce qui intéresse Stuart, c’est la femme croisée dans la rue, ou dans l’escalier, répondant à un seul critère, plus large qu’on ne croie : elle est désirable. Il la met en scène, en valeur, en évidence ; il l’explore, de la meilleure des manières : en la comblant, en recherchant d’abord son plaisir. Le vibro-masseur, si présent dans ses films, est utilisé pour son efficacité sur le corps de l’actrice, bien plus que sur la libido du spectateur : le contraire de ce qui se passe dans le cinéma commercial. Stuart utilise tout ce qui lui tombe sous la main - et même ses mains - pour donner du plaisir.
L’actrice n’est plus l’esclave d’hommes indifférents - acteurs et metteur en scène - mais a l’illusion d’être maîtresse du jeu, avec des hommes à son service (au moins au service de son propre plaisir) qui la contemplent avec fascination.Une femme qui jouit, c’est un mystère, et aussi un spectacle suprêmement esthétique - un moment de grâce pure ; c’est de l’art, tout simplement…et une forme d’art bien trop peu exploitée.Toute actrice du X possède un sexe épilé, devenu un signe distinctif et de reconnaissance. La « femme à poil sans poil », quel symbole pour notre époque ! Il faudrait relire Rabelais qui, comme Stuart, ne recule pas devant la femme sur la chaise percée ! Poils, sang, sueur, sécrétions, font partie de nous. On aime une femme tout entière, et non par morceaux, ce qui n'empêche pas d'avoir ses préférences. Mais, comme le dit encore Brassens, « tout est bon chez elle, il n'y a rien à jeter ... »