top of page

DVD / VOD

La série Glimpse

Glimpse Gold vol 1.jpg
small-cover-Glimpse-21-DVD.jpg

Feature films

LANGUAGES

GLIMPSE 8

Article par Stéphane Ruiz

 

Une brune sèche branle avec sa culotte un mâle caché derrière une voiture. Un plan fixe où deux femmes et un homme, les visages hors cadre, se caressent le sexe mutuellement. Une séance de pose interminable où le modèle se gratte et baille à s’en décrocher la machoire, le chemisier ouvert, en socquettes et jupe stricte remontée sur le ventre. Un homme chien qui renifle la culotte de sa maîtresse. Une petite frappe tatouée qui baise littéralement la bouche d’une bourgeoise. L’artiste Madeleine Berkhemer se livre à une partie saphique sous les regards de Milly, Molly et Mandy. Pendant plus de deux heures, les séquences s’enchaînent, se raccrochant à peine entre elles. On se suce, on se lèche, on s’embrasse à pleine bouche; les préliminaires s’étirent, les godes passent de main en main. De l’insolite au cliché éculé pris au pied de la lettre (arrière cour, SM soft, et moulures aux plafonds…), Glimpse 8 écoule son flot d’images comme la pisse, plusieurs fois, entre les cuisses écartées des filles.

 

Parfois un fragment d’histoire jeté à la volée, et toujours la musique entêtante où il est évidemment question de sexe mais aussi de famine à Paris et de douches dans des lofts. Il faut attendre trente minutes pour la première pénétration d’un sexe. L’homme n’est qu’un accessoire au même titre que le gode le plus émoussé ou le doigt le plus habile. Même lorsque Roy Stuart vient « prêter main forte », le premier rôle va « à ces filles de l’arrondissement, douces et gentilles, qui n’ont pas d’amant » pour reprendre les paroles d’une chanson de la bande originale. Histoire d’œil plutôt qu’histoire d’O, Glimpse 8 échappe aux figures imposées du porno commun, trace une ligne de partage entre la satisfaction immédiate et la construction du désir dans l’image.
 

Ce dispositif n’est pas pour autant réductible au prolongement du travail photographique de son auteur. Au fil des scènes, dans l’accumulation de ces monomanies du plaisir, la fiction prend corps. On imagine des morceaux de mémoires déballés au pied du mur, des souvenirs cristallisés dans l’urgence, un robinet ouvert sur une vie vouée au cul. Dans l’imminence de la fin, à deux doigts du crash test, il ne reste que les moments troublants, les numéros de danse intimes, les sourires complices et les souvenirs de toutes ces filles qui ont joué le jeu.

bottom of page